25 SIECLES D'HISTOIRE DU PAYS DE NICE (CHRONOLOGIE)
Pour celles et ceux qui prétendent par le
biais des médias officiels que l'annexion frauduleuse de 1860 "est
l'évènement fondateur de l'histoire de notre cité", nous proposons ce
condensé de 25 siècles d'histoire du Pays de Nice:
PREHISTOIRE/ANTIQUITE
400 000 ans avant J-C :
Première trace d’habitation à Nice par des Homo-Erectus sur le site de
Terra-Amata (aujourd’hui le site est un musée sur la Préhistoire en
général et sur cette période là plus précisément). Le niveau de la mer
à l’époque était de + 26 mètres que le niveau actuel (Nice était noyé
par la Méditerranée et le site de Terra-Amata était alors une plage).
Vème siècle avant J-C : Des
navigateurs phocéens venus de Massilia (Marseille) fondent le comptoir
de Nikaïa qui plus tard deviendra Nice. Cette région est habitée par
les peuples ligures auxquels se mêlent des tribus Celtes. Les
Celto-Ligures, qui dans notre région forment la communauté Salyenne se
divisent en divers groupes qui occupent les plaines et les montagnes :
les Védiantiens près des côtes, les Nemeturiens, les Vésubianiens, les
Ecdiniens, les Oratelliens installés plus en avant dans les terres.
- Vers 25-15 avant J-C : L’empereur
Auguste jette les bases de la cité de Cemenelum (plus tard Cimella puis
Cimiez) qui fait pendant à la ville grecque. Elle sera jusqu’à son
déclin, au Vème siècle, la capitale d’une province romaine
qui s’étendait jusqu’à Embrun. Placée sur la Via Julia, Cemenelum
comptait sans doute 20 000 habitants (on a calculé que les arènes,
toujours prévues pour accueillir un tiers de la population, pouvait
contenir 8 000 spectateurs). Elle était administré par un Préfet et une
Curie, selon le droit Romain appliqué depuis les années soixante après
J-C ; une légion assurait sa défense. D’illustres familles patriciennes
vinrent s’y établir et l’impératrice Salonine, épouse de Gallien, ainsi
que l’empereur Publis-Helvius Pertinax, y séjournèrent. La ville
romaine, comblée par l’empereur Vespasien entre autres, concurrença la
ville
Grecque qui subissait le contrecoup commercial du déclin de
Marseille. Les deux cités furent longtemps rivales, voire en état de
guerre, jusqu’au moment où la menace des invasions en fit des alliées.
- 211 : Cemenelum est rattachée
administrativement à Rome et n’à plus de liens juridiques avec Massilia.
- VIème siècle :
Vers 574-575 Cemenelum est entièrement détruite par les Lombards qui
brûlent les comptoirs grecs ; les rescapés du massacre se replient sur
Nikaïa, dont la position stratégique est beaucoup plus sûre, et
s’intègrent à la population.
MOYEN-AGE
- 617 :
Nice adhère à la Ligue Génoise, pacte fédéral liant toutes les villes
du golfe ligustique (golfe de Gênes) contre les rois de Lombardie.
Selon l’antique usage du municipe, chaque cité formait comme une sorte
de République, s’administrait elle-même et pourvoyait à sa défense
comme à sa subsistance.
- 759 :
Sous l’égide de Thibaud, neveu de Charles Martel, la ville de Nice
obtient trois Syndics pour son administration civile et un podestat
pour son administration judiciaire ; elle conserve son ancien municipe,
élit son Conseil et ses magistrats, rend la justice, vote les impôts
par corps de cité et non par capitation. Elle ne relève d’aucun
seigneur particulier et ne peut être aliénée du domaine royal. Les
trois Syndics représentent les nobles, les marchands et les artisans.
- 999 :
L’un des tout premiers documents de l’Histoire de Nice indique que
Milon (ou Miron) et Odile sont podestats de la ville, cette dernière se
qualifie de « vicomtesse de Nice ».
- 1012 :
Odile et Milon gouvernent Nice, mais la cité est devenue municipe ;
elle nomme ses magistrats et dispose de la liberté de juridiction.
- 1075 :
la société niçoise s’organise en Commune ; deux autres pouvoirs
émergent après le déclin de l’autorité des podestats de la ville, ceux
de l’évêque et du monastère de Saint-Pons.
1108:
Nice proclame son indépendance. Le Municipe est
définitivement établi,
la ville nomme ses magistrats et dispose de la souveraineté.
1117-1152 :
Les évêques de Nice perdent peu à peu leur pouvoir temporel au profit
de la commune ; dès 1144 les consuls de Nice exercent le pouvoir. En
1150, Nice, qui s’est allié avec Gênes, proclame de nouveau son
indépendance.
- 1153 :
Les Niçois s’étant insurgés contre les privilèges du clergé, Raymond
Béranger II, comte de Provence, seigneur des Baux, se rend à Nice le 3
avril et manu-militari dépouille le podestat et les Consuls de la ville
de leurs dignités ; il investit l’évêque Arnaud de la pleine et entière
juridiction sur la ville.
- 1157 :
Les Raimbaud, ex-juges et Consuls de la ville reprennent le consulat à
l’occasion d’élections et lèvent le drapeau de l’insurrection.
- 1162 :
Nice obtient de nouvelles chartes et privilèges du comte de Barcelone
qui par son épouse Pétronille vient d’héritier du royaume d’Aragon.
- 1165 :
Le comte de Provence Raimond Béranger III convoque ses vassaux à
Tarascon pour l’hommage. Les consuls de Nice refusent de s’y rendre,
déclarent qu’ils ne sont pas soumis à l’hommage et se montrent disposés
à résister par les armes ; Nice demande du secours aux Pisans.
- 1166 : Nice s’allie avec Pise et
ses consuls adoptent la toge pisane. Le comte de Provence organise une
expédition punitive « afin de réprimer par un juste châtiment ses
sujets niçois
». L’évêque veut rendre la ville, les Niçois refusent et résistent.
Raimond Bérenger III promet de livrer la cité au pillage ; alors qu’il
s’avance devant les remparts pour galvaniser ses troupes, un archer
niçois l’atteint d’une flèche mortelle. Les assaillants se débandent et
se retirent derrière le Var. Le comte étant mort à 30 ans sans
descendance, son cousin Alphonse d’Aragon hérite de ses droits, mais
Rilchilde, la veuve de Raimond Béranger épouse le comte de Toulouse qui
se proclame comte souverain de Provence ; aussitôt la guerre fait rage
en Provence ; Nice s’allie à Gênes et les consuls refusent la
souveraineté des comtes de Provence.
Mai 1176 : Le roi Alphonse Ier
d’Aragon (cousin de Raimond Béranger), aidé par les Grimaldi de
Gênes
et de Monaco, se porte vers Nice et encercle la ville par terre et par
mer. Les Niçois sont contrains de négocier mais refusent d’ouvrir les
portes de la ville. Alphonse d’Aragon est contraint de confirmer tous
les privilège des Niçois en ces termes : « Nous leur accordons et
confirmons le consulat avec toutes ses justices et sentences tant des
causes criminelles que pécuniaires et civiles ; le
pouvoir perpétuel d’élire leurs Consuls et magistrats ; nous leurs
confirmons les coutumes, us, privilèges qu’ils ont eu et qu’ils auront
; en même temps ceux que possède ou peut posséder ladite université ou
quelqu’un des citoyens de ladite ville de Nice. » ; la générosité
n’étant pas gratuite en politique, les Niçois versèrent en compensation
25 000 sous melgoliens et en promirent plus deux mille autres, durant
dix ans, jusqu’à que la paix soit rétablie, ils ne seront plus tenus de
fournir des hommes pour la guerre. Cette charte capitale est
aujourd’hui conservée aux archives municipales de Nice.
- 1177 : Les Niçois concluent une alliance
avec Pise.
- 1205 : Les consuls de Nice rédigent et
promulguent les Statuts de la ville déclinés en 228 articles.
- 1210 : Pierre d’Aragon (frère du défunt
Alphonse) se rend à Nice et confirme le traité de 1176.
- 1215 :
Les Niçois, conduits par le premier consul Miro Badat, rejettent de
nouveau le comte de Provence (rejectis etiam comitibus provinciae),
rétablissent le gouvernement consulaire plein et entier et proclament
de nouveau l’indépendance de la cité.
- 1216 : Les seigneurs prêtent
fidélité au comte de Provence ; Nice n’envoie pas de députation.
- 1246 : En la chapelle Saint-Lambert, « noble
homme Salmon », juge et viguier
de Nice remet aux Consuls les lettres patentes de Charles d’Anjou et
Béatrix de Provence par lesquelles ils renouvellent le Traité de 1176.
Profitant du départ du comte de Provence pour la croisade, les Niçois
se révoltent, refusent sa suzeraineté et rétablissent le gouvernement
consulaire.
- 1290 :
Janvier. Philippe le Bel renonce aux droits de sa grand-mère sur la
Provence. Le 4 avril, le roi Charles II renouvelle toutes les lettres
de franchise et de liberté en faveur de Nice ; les députés de Nice
reçoivent également le privilège d’élire librement leur conseil et
leurs Consuls.
- 1294 : Le roi Charles autorise les
habitants de Nice à porter les arbalètes de chasse.
- 1309 : Le roi Robert d’Anjou accorde à
Nice le privilège de choisir ses arbitres et regardataires.
- 1318 : Le roi Robert d’Anjou accorde à
la commune la pleine et entière regarderie.
- 1324 :
Le roi Robert autorise Nice à élire un Consul et 40 « Probis homine »,
placés sous l’autorité d’un viguier. C’est le premier Conseil municipal.
- 1327 : Les Niçois se révoltent mai
Charles, duc de Calabre, parvient à rétablir l’ordre.
- 1353 : Les Niçois établissent leurs
statuts qu’ils font approuver à titre perpétuel et inaliénable
par la reine Jeanne. En outre, elle s’engage à ne plus faire aucune
aliénation sans le consentement des communes. Enfin elle accorde aux
communes le droit de se défendre et de repousser la force par la force
« impune defendere ».
- 1367 : La reine Jeanne confirme les
privilèges de Nice.
- 1380 :
Charles de Duras (cousin de la reine Jeanne, qu’elle a adopté), par
l’intermédiaire de son sénéchal Balthazar de Spinola, confirme tous les
privilèges de Nice.
- 1382 : Balthazar de Spinola, confirme
tous les privilèges de Nice.
- 1384 : Charles de Duras accorde de
nouveaux privilèges aux Niçois, notamment en ce qui concerne le commerce
du seul.
- 1386 :
Les Villefranchois refusent d’être aliénés à Andaron Badat et font
valoir que « le roi ne peut aliéner tout ce qui est du domaine de Nice
».
28
septembre 1388 : Dédition
de Nice à la Savoie pour trois années. Elle deviendrait définitive dans
le cas où le rois Ladislas se verrait dans l’impossibilité de
rembourser au comte le montant des frais avancés par lui et sur sa
propre assertion, pour protéger le Pays de Nice. Une charte de 34
articles est signée. Les principales dispositions sont les suivantes :
le comte de Savoie promet de gouverner et de protéger Nice et sa
viguerie (région) contre quiconque voudrait s’en emparer ; Nice est
exemptée de la gabelle, des impôts et charges de guerre ; elle ne
paiera que les impôts dus à la Cour ; il est convenu l’élection libre
des 4 Consuls et de 40 conseillers regardaires qui ont le pouvoir de
porter les armes ; la totale franchise est accordée au port pour
les
denrées locales et autres marchandises ; les Niçois ne seront pas tenus
à l’hommage, sauf le désir individuel de ceux qui voudront le prêter ;
le comte de Savoie s’engage solennellement, dans le cas où le traité
deviendrai définitif, à ce que tous les privilèges accordés jadis à
Nice par la reine Jeanne et les rois Charles et Ladislas soient
maintenus ; de même il est expressément que le comte de Savoie ne
pourrait jamais céder le Pays de Nice au comte de Provence ou au roi de
France, pas plus qu’à aucun autre seigneur, hors
le retour à l’ancien souverain, le roi Ladislas. Le comte de Savoie
s’engage à chasser de leurs domaines les comtes de Vintimille,
seigneurs de Tende et la Brigue, afin d’assurer la liberté de
communication entre Nice et le Piémont ; dans le cas où le comte
s’emparerait du comté de Provence et de Forcalquier, il établira à Nice
la résidence du sénéchal et des grands officiers ; le comte s’engage,
dans le cas où il acquerrait des territoires en
Provence ou à Forcalquier, à ce que Nice jouisse des premiers
appellations civiles et criminelle, ce à titre perpétuel, même si la
Cour suprême n’était pas établie à Nice pour de valables raisons ; le
comte ne pourra dans les jugements criminels et civils transporter
quelque personne que ce soit d’un lieu ou d’une juridiction à l’autre,
à moins que ses droits personnels ne soient atteints. Si le comte, en
vertu du protectorat qui lui est confié, demandait la livraison de la
forteresse de Nice et des châteaux de la viguerie, seuls les syndics de
la ville et Jean Grimaldi de Beuil décideraient de les livrer ou non. Il s’agit donc là d’une alliance conditionnelle entre
Nice et Savoie et non d’une soumission.
- 1392 : Bonne de Bourbon, tutrice
d’Amédée VIII de Savoie, confirme par un acte signé à Chambéry tous les
privilèges des Niçois.
1416 : Amédée VIII, le 17ème
comte de Savoie, est couronné duc de Savoie par l’empereur Sigismond de
Luxembourg et devient prince du Saint-Empire. La Savoie est reconnu
comme Duché souverain. Le pape Boniface XIII considère Nice comme une
ville neutre.
1420 :
Les Niçois refusent d’être inféodés à la Provence. En juin, le Receveur
général de Nice se rend à Marseille afin de récupérer les anciennes
archives concernant Nice.
-1435 : Le duc de Savoie confirme les privilèges de
Nice.
-1436 :
Entre les factions rivales, les Caïs (qui désirent l’inféodation à la
Provence) et les Grimaldi (fidèles à la Savoie), l’instabilité
politique s’installe à Nice. Le gouverneur Nicod de Menthon, trop
autoritaire, est détesté ; Jeanne Verani, femme du peuple, conne le
tocsin avec la cloche du couvent des Carmélites et les Niçois se
soulèvent.
- 1437 :
Le gouverneur de Nice réduit la révolte. 41 condamnations à mort dont
26 par contumace sont prononcées. 45 citoyens sont condamnés à diverses
peines. Les libertés communales sont suspendues et les archives de la
ville confisquées, en particuliers le « Livre Rouge » où sont
inscrit
tous les privilèges de Nice.
- 1438 :
Les privilèges communaux sont rétablis en faveur de Nice contre le
paiement d’une forte amende de 6 000 florins. Les archives municipales
sont restituées.
- 1440 : Le duc de Savoie rend le « Livre
Rouge » aux Niçois.
- 1446 :
Un ambassadeur du roi René vient présenter une protestation de son
souverain au sujet de la dédition de Nice à la Savoie ; le duc de
Savoie, fort du soutien des Niçois, refuse de le recevoir.
- 1448 : 28 juillet. Création du premier
tribunal de commerce de Nice. ce sera le plus ancien de France.
- 1449 :
Le duc de Savoie confirme le pouvoir consulaire à Nice, mais interdit
aux syndics de se faire réélire pendant cinq ans après la fin de leur
mandat.
- 1481 : Louis d’Anjou lègue ses droits
sur la Provence à Louis XI.
- 1483 :
Le comté de Provence est réuni à la couronne de France et le Var marque
désormais la limite du Royaume. Les Etats d’Aix en 1487 déclarent « la
Provence réunie pour jamais à la couronne de France ».
- 1497 : Le duc de Savoie s’oppose à
l’action de l’Inquisiteur de la Brigue.
- 1499 : Le roi de France Louis
XII s’allie à la Savoie et promet solennellement « de renoncer à toute
espèce d’envahissement de Nice ».
EPOQUE MODERNE
- 1501 : Les Consuls de Nice se rendent à
Turin afin de faire confirmer la loi niçoise dite de « la femme dotée ».
- 1516 : François Ier ordonne à
ses navires de commerce de payer « le droit de villefranche » aux
Niçois.
- 1523
: 10
septembre. François Ier,
afin d’obtenir la neutralité de la Savoie, renonce solennellement à
tous les droits que pourrait avoir la couronne de France sur Nice, au
titre d’héritière du comté de Provence. Dès lors, la France ne pourra
plus légalement se prévaloir de ses droits supposés sur le Pays niçois,
lesquels étaient de surcroît contestés par les intéressés.
1524 : Le marquisat de Dolceaqua est
adjoint au Pays de Nice.
1526 : La région niçoise est
officiellement qualifiée dans les actes de chancellerie de « Comté de
Nice ».
1536 :
Le trésor français confisque tous les biens des Niçois situés en
Provence. En août, le duc de Savoie, accompagné d’un fort parti de
Niçois, se rend à Aix ; ces derniers brûlent en place publique tous les
titres relatifs aux droits que les anciens comtes de Provence
prétendaient avoir sur Nice.
- 1538 : Mai-juin. Congrès de Nice où se
retrouvèrent le pape Paul III, François Ier
et Charles Quint. Le duc de Savoie demande aux Niçois de loger le pape
et de recevoir le souverain ; craignant une main-mise étrangère sur la
ville, les Niçois refusent, lui rappelant vertement qu’ils sont maîtres
chez eux en vertu des dispositions de l’acte de dédition de 1388 ; le
duc s’incline.
- 1539 : Installation d’un Hôtel de Monnaies à Nice.
- 1540 : Nice, qui jouit d’une liberté politique, passe
des accords avec Gênes et Marseille.
1543 : Les
Français avec leurs alliés Turcs assiègent Nice. Après une
énergique
résistance et malgré le célèbre fait d’armes de Catarina
Ségurana, la ville-basse se rend le 22 août. Le château résiste
jusqu’à
l’arrivée des troupes de Charles-Quint et de Charles III de Savoie. Les
assaillants lèvent le siège le 8 septembre.
1544 :
Ayant subi des revers militaires, Charles-Quint abandonne Charles III.
La Savoie ainsi que le Piémont occidental sont envahis par François Ier
; le Piémont oriental est sous tutelle espagnole ; il ne reste
aux Savoie que Aoste, Asti, Cuneo, Nice, Ivrea et Verceil.
1557 :
10 août. Le duc Emmanuel-Philibert de Savoie, commandant les troupes de
Charles-Quint, écrase les troupes françaises à Saint-Quentin ; les
drapeaux pris à l’ennemi sont exposés à Nice.
1559 : 3 avril. Traité de
Cateau-Cambrésis. Le du de Savoie épouse Marguerite de France, sœur
d’Henri II, et récupère ses territoires.
- 1559-1560 :
Les habitants de Nice sont exempts de l’impôt dit « du tasso »,
c’est-à-dire de l’impôt foncier direct. On construit le palais Royal
(agrandi en 1650) et on installe le premier collège de Nice.
Construction du fort du Mont-Alban et de la citadelle de Villefranche,
le château de Nice est puissamment fortifié.
- 1563 : 7 février. Emmanuel-Philibert
fixe sa capitale à Turin.
- 1571 :
7 octobre. Trois galères armées par la Savoie, où servent de nombreux
Niçois et Sospellois, participent à la victoire navale de Lépante.
- 1574 : On construit à Nice le palais
communal. Les travaux durent six ans.
- 1577 : Le duc de Savoie confirme les
privilèges des Niçois.
- 1579 :
Emmanuel-philibert de Savoie achète le comté de Tende à Henriette du
Maine (anciennement apanage des Doria et des Lascaris) et l’intègre au
Comté de Nice.
- 1612 : 22 janvier. Création du port
franc de Nice pat Charles-Emmanuel Ier.
Un document daté de 1612 est très probablement le premier prospectus
publicitaire édité à Nice. Ce documents commerciale énumère toutes les
marchandises que l’on peut trouver à Nice : « Huile d’olives,
viande fraîche et salée, vins rouge et blanc, câpres, oranges, citrons,
amandes, eau de fleurs, essence de citron, marjolaine, anchois, fostet,
bois de construction, marbre, térébenthine, gomme, résine, safran,
colle, cire blanche, savon… » Certains de ces produits étaient
rares et très appréciés à l’époque.
- 1613 : 1er janvier. Création
du Consulat de la Mer, ancêtre de la Chambre de Commerce.
- 1614 : 8-11 mars. Création du Sénat de
Nice par Charles-Emmanuel Ier et confirmation du port France.
- 1621 :
8 janvier. Le comte de Beuil, dernier féodal du Comté, qui tente de
livrer le Pays de Nice à la France, est exécuté pour haute trahison et
ses biens sont confisqués par le duc de Savoie.
1623 : 10 mars. Le Conseil de Nice, sollicité à
cet effet, refuse d’instaurer l’Inquisition.
1627 :
La distinction entre nobles et marchands est abolie pour les élections
communales. Entrée en fonction d’un « Magistrat de la Santé ».
1629 :
11 mars. Les troupes de Provence franchissent le Var, commandées par le
duc de Guise et le maréchale d’Estrées ; le 14 elles attaquent Nice
puis refluent ; Richelieu leur ordonne de tenir les positions. La
peste, amenée par l’armée, se déclare dans le Comté qui en outre a subi
d’importants dégâts.
- 1631 : 16 maisons de commerce étrangères
ouvrent des succursales à Nice.
- 1691 : 12 mars. Nice est assiégée par
les troupes françaises ; le 5 avril la forteresse tombe aux mains de
l’ennemi.
- 1696 : Traité de Turin. La paix est
signée entre Louis XIV et Victor-Amédée de Savoie. Nice est libérée en
septembre.
- 1705 :
Avril. Les troupes françaises mettent de nouveau le siège devant Nice.
le château se rend le 5 janvier 1706 et le Comté est occupé ; la ville
est contrainte d’engager l’argenterie des églises pour payer une
première indemnité de 15 000 livres. Louis XIV ordonne de détruire
entièrement les fortifications du château et ajoute à ses titres celui
de comte de Nice.
- 1706 :
8 septembre. Les troupes de Louis XIV sont écrasées devant Turin par
l’armée Piémontaise commandée par Victor-Amédée II de Savoie et son
cousin Eugène de Savoie-Carignan.
- 1713 :
La paix est signé à Utrecht. Nice, qui a connu une occupation
discontinue, est libérée. L’article III du traité la restitue aux
Savoie qui perdent ma viguerie de Barcelonnette et ses dépendances. En
compensation, Victor-Amédée II devient roi de Sicile et peut enfin
timbrer l’écu ducal d’une véritable couronne royale, celles de Chypre
et de Jérusalem, qu’il s’attribuait jusque là, n’étant que symbolique.
- 1720 :Victor-Emmanuel
II devient roi de Sardaigne. En compensation, il abandonne le Sicile à
l’Espagne. Ouverture d’une Faculté de Médecine à Nice.
- 1720-1724 :
De graves désaccords fiscaux interviennent entre les Niçois et
l’intendant Royal Zoppi qui tente d’imposer des mesures violant la
charte de dédition. Nice se soulève et l’intendant s’enfuit à Turin ;
il est destitué.
1744 :
Guerre de succession d’Autriche. Nice est occupé par les Français et
les Espagnols en 1744, 1747 et 1748. le 28 octobre 1748, le traité
d’Aix-la-Chapelle met fin aux hostilités.
1749:
Charles-Emmanuel III ordonne de creuser le port Lympia. Les travaux
dureront 7 ans. Le roi accorde sa protection à tout étranger désirant
s’installer à Nice, pour y travailler.
1769 :
Charles-Emmanuel supprime toutes les charges de corvée pour les Niçois.
Il recommande au gouverneur ainsi qu’aux magistrats de Nice de traiter
les négociants « more nobilium » sans bien sûr affaiblir l’autorité.
- 1771 : Pierre-Joseph Chiesolme,
imprimeur et libraire, obtient dur roi la permission d’imprimer une
gazette sous le titre Courrier de Nice. Ce sera le premier
journal niçois.
- 1780-1788 : Ouverture de la route du col de
Tende.
- 1783 : 29 août. Les Consuls de Nice,
sous la direction du 1er
Consul le comte et chevalier Antoine Bartholomé de Orestis de
Castelnuovo, promulguent les nouveaux Statuts de la ville de Nice.
EPOQUE CONTEMPORAINE
1792: La France entre en
guerre contre l’Autriche et le Piémont. Le 22
septembre la Savoie tombe aux mains des Français ; le 29, les
troupes
révolutionnaires qui ont envahi le Comté occupent Nice évacuée dans la
confusion par les forces royales (commandée par le vieux
général de
Courten), malgré la résistance des milices niçoises commandée par De
Orestis et Michaud. La ville est livrée au pillage par
les brigands et
les forçats libérés.
1793:
31 janvier, soit dix jours après l’exécution de Louis XVI, le Comté de
Nice est annexé à la France après un semblant de consultation, alors
que les forces royales occupent encore une partie du territoire (un
tiers seulement des communes a opté pour l’annexion, dans des
conditions de légalité on ne peut plus douteuses). Le but avoué est de
« libérer » les Niçois, mais le discours du conventionnel Lasource ne
laisse aucun doute sur les véritables intentions française « …
Plusieurs motifs sollicitent cette réunion : premièrement l’intérêt
national : là finissent les Alpes et vous
avez voulu, en réunissant la
Savoie, mettre cette barrière entre vous et le despote de Turin ;
deuxièmement, l’intérêt commercial : il y a à Villefranche, qui n’est
qu’à une demie-lieue de Nice, un port très beau, très commode, qui dans
la guerre que nous aurons avec l’Angleterre, nous sera infiniment
utile. Avec la Sardaigne, la Corse, Villefranche, Marseille et Toulon,
nous serons maîtres de la Méditerranée…C’est donc une clef dont
il faut se hâter de s’emparer…
» L’annexion est un coup de force à peine déguisé. Néanmoins, l’acte
officiel français qui sanctionne le fait est d’une importance capitale
: « La Convention déclare à l’unanimité qu’elle accepte, au nom du
peuple français, le vœux émis par le peuple souverain du
ci-devant Comté de Nice, et qu’en conséquence, il fera partie
intégrante du territoire de la République ». Ainsi, la
Convention Nationale et par voie de conséquences la Ière
République française reconnaissent officiellement une double qualité aux
Niçois, celle de peuple, et celle de peuple souverain…
Un
autre fait important est à relever : lors du vote truqué pour
l’annexion du Comté à la France, Châteauneuf-de-Contes, Cuébris, et
Puget-Théniers, votent Non, et demandent que le Comté de Nice
soit érigé en république indépendante.
1793-1794 :
Les troupes royales et les régiments niçois se battent courageusement
dans le Comté de Nice contre les envahisseurs français ; néanmoins il
est entièrement occupé en mai 1794. La résistance à l’occupant
s’organise dans les montagnes et les célèbres « Barbets »
infligent des
pertes aux troupes françaises. Dans le Comté, la population
s’ingénie à
ignorer ou à détourner les lois françaises par une résistance passive.
1796 : 15 mai. Victor-Amédée III est
contraint de céder le Comté de Nice à la France (qui
l’occupe déjà).
1798 :
L’armée française occupe Turin et le 9 décembre Charles Emmanuel IV,
malgré l’appui de la population est contraint de signer sa renonciation
au Piémont. Le roi et la famille royale embarquent pour la Sardaigne.
1814 : 19 mai. Le roi Victor-Emmanuel 1er
rentre à Turin. Le 21 mai toutes les lois, décrets et règlements
édictés par l’autorité française sont abrogés par le roi de Sardaigne.
Le 30 mai le traité de Paris restitue Nice à Victor-Emmanuel. L’ordre
ancien est rétabli, Nice retrouve son Sénat, son Consulat de la Mer. 3
consuls et 18 conseillers gèrent la ville.
- 1815 :
9 juin. Suite au traité de Vienne, le roi de Sardaigne se voit octroyer
la ville et le port de Gênes contre l’agrément des citoyens de
l’ancienne République Génoise et de l’Angleterre.
- 1818 :
Le comté de Nice est territorialement amputé et perd le marquisat de
Dolceaqua et le territoire de Pigna. Il subit de plus un déclassement
en devenant simplement « la province de Nice ».
- 1821 : 12 mars. Turin se soulève et
Victor-Emmanuel Ier abdique. Nice s’agite
mais le gouverneur Saluzzo di Monesiglio parvient à rétablir la
situation ; trois Niçois seront condamnés. Le prince de
Savoie-Carignan, Régent, promulgue une constitution. les 13 et 14 mars
les libéraux forment un gouvernement. Le Niçois Jean-Baptiste de
Gubernatis est nommé aux Finances.
- 1825 : Création d’une chambre de
l’Agriculture et du Commerce à Nice.
- 1848 : 10 février. Le roi Charles-Albert
accorde une constitution à ses Etats, « le Statuo » ; Nice
pavoise. Cette charte dite « Code Albertin
» instaure un système représentatif censitaire. Le Sénat de Nice
entérine les dispositions de la loi sur les communes qui permet
l’élection de chaque conseil (divisionnaire et provincial) plus
démocratiquement. La liberté de presse est assurée. Mais cette année
voit aussi le déclassement administratif du Sénat de Nice, qui devient
Cour d’Appel et le Consulat de la mer supprimé ; ces mesures sont la
suite logique de la transformation du Comté en province ; le premier
pouvait administrer et censurer les lois par l’intermédiaire de son
Sénat ; la seconde devait obéir à l’Etat sarde tout puissant. Il
convient cependant de noté que la portée juridique de l’article 4 du
Code Albertin est capitale pour juger de la validité des actes
importants ultérieurs. Il stipule que « les traités qui
emporteront des conséquences sur les Finances ou les modifications de
territoires de l’Etat n’auront d’effets qu’après l’approbation des
chambres. »
1851 :
13 et 14 mai. A l’annonce de la suppression prochaine de la franchise
dont jouit le port, de violentes émeutes éclatent à Nice ; la rupture
avec le royaume de Sardaigne est envisagée. La proclamation suivante,
rédigée à la Chambre d’Agriculture et de Commerce, est affichée à
l’Hôtel de Ville : « Le peuple de Nice, sans décliner une
fidélité pour une monarchie jusqu’ici fidèle à ses engagements, pourra
bien manifester le désir de se séparer d’un gouvernement qui, sans
aucune légitimité, sans aucune utilité pour le pays aurait foulé aux
pieds ses droits et consommé sa ruine… ». Les meneurs de
l’insurrection, Avigdor et Carlone, sont arrêtés ou en fuite. Les
Niçois
furieux mutilent la statue de Charles-Félix et plus précisément
le doigt qu’elle pointe vers le port. (Cette statue amputé de
son doigt
est toujours au port de Nice). 4 juillet. La loi de réforme douanière
est néanmoins votée à Turin. La franchise dont jouissait le port de
Nice est supprimée. La loi entrera en vigueur le 31 décembre 1853. les
Niçois se détachent peu à peu de la Maison de Savoie, car Nice a connu
en peu de temps de nombreux déclassements administratifs et brimades
économiques : le Comté est devenu simple province, le marquisat de
Dolceaqua lui a été retiré, le Sénat et le Consulat de la Mer ont été
supprimés, l’arsenal a été construit à La Spezia, on a refusé à Nice la
ferme des jeux, le monopole de l’importation du sel vers le Piémont a
été abolie, le réseau routier est insuffisamment développé…Le contrat
passé entre Nice et la Maison de Savoie, lequel avait pour clef de
voûte les franchises accordées à la ville, est désormais caduc de fait.
1858 :
20,21 juillet. Cavour rencontre Napoléon III à Plombières, il s’engage
à lui céder la Savoie si la France aide Victor-Emmanuel II à chasser
les Autrichiens d’Italie.
1859
:
24 janvier. Un traité secret est passé entre le roi de Sardaigne
et la
France, qui prévoit l’annexion de Nice à l’Empire français en échange
de l’aide que celui-ci lui portera contre les Autrichiens en Italie.
Ce
traité est illégal à deux titres : il est en contradiction formelle
avec l’article 4 du Code Albertin de 1851 car il n’a pas été ratifié
par les chambres de Turin ; d’autre part, le roi de Sardaigne, en vertu
de la charte de dédition et des accords suivants, n’a nullement le
droit de disposer de Nice à sa guise.
- 1860 : 14 mars.
Nouveau traité secret signé entre Napoléon III et Victor-Emmanuel II.
La France consent que l’unité italienne se fasse autour de la Sardaigne
qui, en compensation, lui remettra Nice et la Savoie. Ce traité est
illégal comme le précédent pour les mêmes raisons. 24 mars
: publication officielle de traité de Turin.
25 mars :
Garibaldi est élu député de Nice. Il tentera de s’opposer à
l’annexion à la France.
27 mars : le
roi Victor-Emmanuel II signe un manifeste (publié le 1er
avril) par lequel il délie officiellement les Niçois et les habitants
du Comté de leur serment de fidélité à sa personne et à sa dynastie.
A
cette date, la charte de 1388 étant caduque, le Pays de Nice retrouve
légalement son indépendance en même temps que sa pleine souveraineté.
Cet acte qui abroge tout lien de droit entre la maison de Savoie et
Nice, et par voie de conséquence tout lien de droit entre cette
dernière et la Sardaigne, établit incontestablement l’indépendance de
Nice.
15 et 16 avril : le
plébiscite se déroule dans
des conditions frauduleuses à tous les niveaux, depuis sa préparation,
son organisation jusqu’à son déroulement : pressions de
l’administration et du clergé sur les électeurs, présence de troupes
d’occupation, achats de votes par dons ou promesses d’avantages,
subornations, listes électorales falsifiées, non inscription sur ces
listes de la plus grande partie des électeurs, inscription frauduleuses
de Provençaux, absence d’isoloirs et de bulletins « non », impression
d’Aigles, emblème de Nice sur les bulletins « oui », absence de
vérificateurs impartiaux etc. 29 mai et 11 juin
: Les
chambres sardes approuvent le traité d’annexion, acte illégal du fait
que le Pays de Nice n’était pas juridiquement une province sarde, mais
une entité souveraine liée au seul chef de la Maison de Savoie
personnellement, jusqu’au 27 mars 1860, date à laquelle ce dernier
avait renoncé à ses droits. 15 et 22 juin :
les
chambres françaises approuvent à leur tour le traité d’annexion,
violant par là les droits juridiques établis du Comté de Nice. Le terme
d’annexion que l’on retrouve dans certains décrets de Napoléon III
indique à lui seul l’illégalité de l’opération. Après l’annexion, la
Liberté Niçois est confisquée, les bâtiments de l’ancien Sénat
transformés en prison, la langue Niçoise est bannie, la Cour d’Appel
est supprimée, l‘Université également ; l’ancien Pays de Nice est fondu
dans le département des Alpes-Maritimes et Nice, de 4ème
ville d’Etat, devient la 44ème ville française.
- 1870 : 4 septembre. La dynastie
impériale est déchue en France.
1871
: Les
indépendantistes niçois obtiennent la majorité aux élections
législatives et municipales. La IIIème
République use de moyen dictatoriaux pour que le résultat démocratique
des urnes ne se traduise pas dans les faits. L’armée est envoyé pour
étouffer la voix des Niçois, la dictature est instauré, les chefs du
parti indépendantiste sont invalidés, poursuivit, poussé au suicide ou
écartés. Une loi de circonstance est voté pour interdire la création de
partis indépendantistes, falsification de l’histoire du Comté de Nice.
1940 : suspension du traité de Turin.
28 août 1944 : La ville de Nice (alors occupé
pars les armées de l’Allemagne
nazie et de l’Italie fasciste) se libère seule par la seule force de
ses résistants, et en une seule journée, les insurgés chasserons les
allemands et les italiens hors de la ville.
Février 1947, traité
de paix international : viol des conventions définitives
complémentaires au traité de Turin ; non-respect des clauses fixant
impérativement les modalités de remise en vigueur dudit traité.
2001: Naissance de la Ligue pour la Restauration des
Libertés Niçoises.
24 mars 2010:
Jean de Pingon (fondateur de la Ligue Savoisienne) et
Alain Roullier-Laurens (président de la LRLN) interpellent à Genève la
communauté internationale concernant l'abrogation du traité de Turin en
1947 qui était le seul lien juridique entre la Savoie et le Pays de Nice
d'une part et la France ( Abrogation
du
traité de Turin
).